Le privé est subventionné à «seulement» 60 %, c’est vrai ?

C’est faux. Le fameux chiffre de 60% induit les citoyens en erreur. Il sous-estime grandement la part des contribuables dans le budget des écoles privées subventionnées, et de ce fait, permet de maintenir le mythe du « privé qui nous fait économiser ».

Ce chiffre de 60% est trompeur, car on ne compare pas des pommes avec des pommes. Les élèves du public coûtent plus cher que ceux du privé subventionné, principalement parce qu’ils sont plus nombreux à arriver à l’école avec des difficultés et parce que l’école publique doit quadriller tout le territoire : il faut donc payer le personnel même si les classes comptent parfois très peu d’élèves. 

Le meilleur estimé connu du financement du privé est venu en 2014 du groupe d’experts présidé par l’ancienne protectrice du citoyen, Mme Champoux Lesage. Le rapport du groupe a évalué que le financement direct d’un élève du privé subventionné au secondaire équivalait à 75% de celui d’un élève équivalent du public. Extrait du rapport:

 


Pour simplifier, on pourrait dire qu’un élève du public coûte en moyenne 10 $ alors qu’un élève du privé subventionné reçoit 6 $ de l’État. Mais un élève du public équivalent à ceux du privé subventionné coûte en fait 8 $.
La bonne comparaison est 6 sur 8 (75%) et non 6 sur 10 (60%).


À ce financement direct de 75%, il ne faut pas oublier d’ajouter un financement indirect d'environ 20 millions $ (chiffre de 2012) qui correspond à l’argent versé par les contribuables pour rembourser en partie les donateurs des fondations d’écoles privées via les crédits d’impôt (source : étude de l’Université de Sherbrooke, p. 70). Ces « donateurs » donnent… votre argent. La vie est si simple.