Qu’est-ce qui se passe concrètement quand on groupe les enfants en difficulté comme on le fait au public ordinaire ?

Regrouper les élèves en difficulté est une mauvaise politique. Pas plus au Québec qu’ailleurs les enfants n’arrivent-ils à égalité sur la ligne de départ. Les systèmes d’éducation équitables permettent à ces enfants de rattraper les autres. Dans les systèmes inéquitables, les inégalités de départ se retrouvent telles quelles à la ligne d’arrivée.

Les raisons qui font que l’iniquité est un boulet sont faciles à comprendre. 

Le tableau suivant, basé sur le livre Les Inégalités scolaires [« Que sais-je ? » n°3985, PUF, 2014] du chercheur suisse Georges Felouzis, résume les conséquences du regroupement des élèves faibles :

Réunir les élèves en difficulté complique la pédagogie

  • On se retrouve avec des enfants pour qui le plaisir d’apprendre n’est pas une évidence.
  • L’enseignant doit revoir à la baisse ses exigences.
  • Climat négatif/discipline : moins de temps pour enseigner.
  • Cercle vicieux renforcé par la présence d’enseignants inexpérimentés.

Effet de stigmate

  • Les enseignants pensent que les enfants sont moins bons ; ils s’attendent à de moins bons résultats — et les obtiennent.
  • Les enfants aussi se perçoivent comme moins bons (fatalisme, déception, ambitions restreintes).

Peu d'apprentissages entre pairs

  • Difficile à construire quand les élèves ont peu de capital culturel.
  • Le niveau général d’une classe influe sur les chances de progression de chaque élève.