Le 9 mars, le mouvement L’École ensemble va s’adresser au Comité des droits économiques, sociaux et culturels pour qu’il somme le gouvernement du Québec de défendre sa politique de ségrégation scolaire en tenant compte de ses obligations sur les droits de la personne.

“La ségrégation scolaire a des conséquences désastreuses !” s’alarme le coordonnateur de l’organisme, Stéphane Vigneault, que nous avons rencontré :

À environ 20 %, nous avons le taux de décrochage scolaire le plus élevé du Canada.”

Le système le plus inégalitaire du Canada

Dans son rapport, fondé sur des données de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), le mouvement L’École ensemble affirme que le système scolaire favorise la concentration d’élèves pauvres dans les écoles publiques ordinaires en les séparant des élèves privilégiés, qui eux ont tendance à se retrouver dans les établissements privés. Ces établissements ont vu leur part du marché au niveau collégial passer de 5 % en 1970 à plus de 21 % aujourd’hui.

Pour contrer le phénomène, le réseau public a créé des écoles internationales, sportives et alternatives qui se réservent à leur tour le droit de refuser des élèves.

Le Conseil supérieur de l’éducation, un organisme indépendant conseillant le ministre de l’Éducation, déclarait dans un rapport en 2016 que l’école québécoise était la plus inégalitaire du Canada :

Le Québec est la province où la différence des performances entre les écoles des milieux défavorisés et celles des milieux favorisés est la plus grande. Le système d’éducation québécois se contente de reproduire les inégalités socialesLes données montrent que ce sont majoritairement des enfants des milieux favorisés et de la classe moyenne qui profitent des programmes enrichis et qui sont placés dans les conditions les plus propices à l’apprentissage.”

C’est pourquoi M. Vigneault réclame l’abolition complète des subventions publiques accordées aux écoles privées. “Comme la Finlande l’a fait dans les années 1970, il faut intégrer le réseau d’écoles privées au réseau public. Cette politique d’intégration permettra la création d’un réseau public unifié qui devrait regrouper 95 % des élèves.”

Un silo social dès l’enfance

Stéphane Vigneault proposera également au comité de l’ONU de prévoir dans ses questions qu’il adressera au Canada la transparence des données scolaires :

Comment imaginer que nous pourrons encore faire société si nous sommes placés dans notre silo social dès l’enfance? La cohésion sociale de la société québécoise et sa capacité à réaliser des projets collectifs sont en jeu.”

Le Comité des droits économiques, sociaux et culturels de l’ONU est chargé de contrôler la mise en œuvre du Pacte international sur les droits économiques, sociaux et culturels. À titre de pays signataire, le Canada est tenu ainsi rendre compte périodiquement de ses obligations en vertu des traités.